Didier Berberat
Conseiller aux Etats

Si 50,3 % des votantes et votants et une majorité des cantons ont accepté l’initiative UDC « contre l’immigration de masse » le 9 février 2014, ce n’est heureusement pas parce que ce parti populiste aurait gagné à sa cause la majorité des électrices et électeurs de notre pays. En effet, il faut chercher les raisons de l’acceptation de cette initiative, qui nous mène à l’impasse, dans le malaise grandissant de notre population, dont une partie de notre électorat, face à certains effets pervers de l’accord sur la libre circulation des personnes, notamment la sous-enchère sociale et salariale. Ces votants s’inquiétaient, et s’inquiètent toujours à juste titre, des abus pratiqués par certaines entreprises de notre pays qui n’hésitent pas à profiter, d’une façon éhontée, de la faiblesse de notre dispositif légal en matière de mesures d’accompagnement et du manque de contrôles pratiqués sur le marché du travail. Un exemple concret ? Ces informaticiens roumains payés € 800 par mois pour travailler chez Firmenich à Genève ! Nous avions identifié cette crainte bien avant la votation, et c’est pourquoi la gauche a demandé à plusieurs reprises aux partis de droite de plaider pour un renforcement des contrôles et pour un durcissement des mesures d’accompagnement. Malheureusement, pour des raisons idéologiques, le PLR et le PDC ont refusé, arguant que le marché réglerait tout et que le dispositif était suffisant, alors que l’UDC, qui cherche plutôt à mettre de l’huile sur le feu, n’avait aucun intérêt à soutenir ces propositions, même si elle clame qu’elle est la seule à défendre le Peuple suisse, et ne l’a donc pas fait. Si nous voulons gagner l’inévitable votation qui aura lieu pour sortir de l’impasse causée par le scrutin du 9 février, il s’agira de donner des garanties à la population. Cela devra d’abord passer par un renforcement des contrôles. Le Canton de Neuchâtel, même s’il est parmi les plus engagés dans ce domaine, pourrait encore faire mieux. De plus, il sera nécessaire de durcir les mesures d’accompagnement, ce qui nécessite l’accord des partis de droite « raisonnables », tels que le PDC et le PLR. Sans ce front commun, il y a fort à craindre que l’impasse ne débouche sur un précipice, avec des conséquences catastrophiques pour l’emploi et pour la santé de notre économie !