Didier Berberat
Conseiller aux Etats

Malgré les pertes financières, malgré les licenciements, rien n’ébranle l’incroyable arrogance de l’UBS.

En décembre dernier, le Parlement fédéral a débloqué une aide de 6 milliards pour aider l’établissement bancaire à sortir d’une situation critique engendrée par son excès de témérité, et qui mettait en péril l’entier de l’économie suisse. A côté de cela la BNS a repris pour 68 milliards de francs d’ actifs toxiques en main d’UBS. Un plan pour le moins contesté, dont l’absence de contreparties a été fortement critiquée par la gauche. Le PS avait alors relevé tous les dangers qu’encourait le plan ainsi formulé, que ce soit pour la Confédération, la BNS ou les contribuables.

Il n’aura pas fallu beaucoup de temps à l’UBS pour refaire parler d’elle. N’ayant apparemment rien appris de ses déboires, ni rien compris aux attentes auxquelles elle était soumise, elle réussit encore à réclamer l’autorisation de verser des bonus de deux milliards à ses collaborateurs. Certes, l’établissement bancaire dit faire un effort. Les bonus sont réduits par rapport aux années précédentes, et les premiers touchés par les réductions seraient les hauts cadres. Soit. Il n’en reste pas moins que cette banque, sous perfusion, qui est sur le point d’ annoncer des pertes colossales (des chiffres de 20 milliards sont avancés) et un plan de licenciement massif, s’apprête également à verser des bonus à ses collaborateurs avec l’argent du contribuable.

Alors de quoi s’agit-il si ce n’est de l’arrogance ?

Mais ce qui me scandalise encore plus que l’attitude de l’UBS, c’est la complaisance de l’autorité de surveillance des marchés financiers (FINMA). En acceptant la demande de l’UBS, les membres de cette autorité démontrent qu’ils n’ont pas été en mesure d’appréhender correctement le contexte politique dans lequel nous nous inscrivons actuellement. Dans ces conditions, il paraît évident que Monsieur Haltiner, Président de la FINMA, n’est plus la bonne personne à la bonne place. Il serait dès lors particulièrement sage pour lui de transmettre sa démission.

C’est maintenant au Conseil fédéral et au Parlement de reprendre enfin les choses correctement en main, et de se pencher sur un dossier qui scandalise un grande majorité de la population suisse et qui ne met que trop dans l’embarras une droite dont les dirigeants sont proches des cadres des grandes banques helvétiques.