Didier Berberat
Conseiller aux Etats

La session spéciale du Conseil national, qui a eu lieu du 15 au 17 avril, a traité de deux objets importants, la première révision de la LPP et l’initiative parlementaire Fehr concernant les crèches.

Une avancée, a tout d’abord été enregistrée dans le domaine de la LPP, puisque les salariés pourront être assurés dès que leur revenu annuel dépassera Fr. 18'540.- alors que, actuellement le plancher est situé à Fr. 24'720.- . A nos yeux, même s’il s’agit d’un progrès qui concerne environ 180'000 personnes, ce plancher nous semble encore trop élevé et il s’agit donc pour la gauche d’un demi-succès, puisque nous souhaitions le fixer à Fr. 12'360.- .

Par contre, les choses se sont déroulées d’une façon extrêmement positive pour nous en ce qui concerne l’initiative parlementaire de notre camarade Jacqueline Fehr. Le National a, en effet, décidé que la Confédération engagera Fr. 100 millions par année, sur 10 ans, pour la création de crèches et de places d’accueil destinées aux enfants dont les parents travaillent. Cela devrait permettre de créer environ 80'000 places en Suisse où il en manque environ 250’00.

Cette première mi-temps n’a pas été facile car une partie de la droite, invoquant le fédéralisme et le rôle prépondérant de l’initiative privée n’en voulait pas, alors que le Conseil fédéral souhaitait ne consacrer à cette aide que 25 millions par année, sur une période de 8 ans. Finalement, par 108 voix contre 70, le Conseil national a donné suite à cette initiative en votant ces 100 millions annuels, pour une première période de 4 ans.

Cette heureuse décision est enfin un signe très positif pour les familles de notre pays qui, depuis trop longtemps, sont les oubliées de la Berne fédérale. D’ailleurs, il serait temps de se rendre compte que la mise à disposition de crèches est une exigence incontournable de l’évolution sociale et économique.

Le besoin de crèches est criant, car, aujourd’hui, deux tiers des mères doivent quitter leur activité professionnelle ou fortement la réduire dès la naissance de leur premier enfant. Il faut donc lutter contre le phénomène qui veut, qu’en Suisse, la venue d’un enfant soit encore trop souvent synonyme d’appauvrissement. Ce geste du National sera donc, pour Neuchâtel, un complément bienvenu, dans le cadre de la mise sur pied du concept cantonal d’accueil de la petite enfance. Il est malheureusement encore trop tôt pour se réjouir puisque le Conseil des Etats doit encore se prononcer et que certains sénateurs pourraient être tentés de supprimer ou, du moins, de réduire ce montant. Enfin, nous devons rester vigilants et ne pas perdre de vue que dans le domaine de la famille, il y a encore nombre de chantiers à terminer, par exemple l’assurance maternité ; des allocations familiales décentes ou encore des allègements fiscaux.